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Joseph et ses frères
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du mal ; mais ce mal, Dieu l’a changé en bien, afin d’accomplir ce
qui arrive aujourd’hui, pour conserver la vie à un peuple nombreux.
Soyez donc sans crainte : j’aurai soin de vous et de vos enfants.”
La vie de Joseph est une image de la vie de Jésus-Christ. Par
envie, ses frères l’avaient vendu comme esclave. Ils voulaient ainsi
l’empêcher de devenir plus grand qu’eux. Aussi, quand ils l’eurent
exilé en Égypte, se flattèrent-ils à la pensée qu’ils n’auraient plus
rien à craindre de ses songes. Mais Dieu dirigea les événements
de manière à réaliser précisément ce qu’ils avaient voulu prévenir.
De même, les prêtres et les principaux des Juifs, jaloux de Jésus et
craignant qu’il n’obtînt du peuple la faveur qu’ils briguaient pour
eux-mêmes, le mirent à mort pour l’empêcher de devenir roi. Mais
en agissant ainsi, ils contribuèrent précisément à ce résultat.
Sans doute, grâce à son séjour en Égypte, Joseph était devenu
un sauveur pour la famille de son père. Toutefois cela ne diminuait
point la culpabilité de ses frères. De même, la crucifixion de Jésus
fit de lui le Rédempteur de l’humanité, le Sauveur d’une race perdue
et le Souverain d’un monde. Mais le crime de ses meurtriers reste
tout aussi odieux que si le Père céleste ne l’avait pas fait concourir à
sa gloire et au bien des rachetés. Comme Joseph fut vendu par ses
frères, Jésus-Christ fut, par l’un de ses disciples, vendu à ses plus
mortels ennemis. Joseph, à cause de sa pureté même, fut calomnié et
jeté en prison. Ainsi Jésus, en raison de sa vie sainte et désintéressée
qui, à elle seule, condamnait le péché, fut méprisé et rejeté, puis
condamné sur le témoignage de faux témoins.
Enfin, la patience et la douceur de Joseph devant l’injustice et
l’oppression, son empressement à pardonner et sa noble générosité
envers ses frères dénaturés préfiguraient le silence et la générosité
avec lesquels le Sauveur supporta la brutalité et les outrages des
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impies, comme aussi le pardon qu’il accorda à ses meurtriers et qu’il
offre encore à tous ceux qui viennent à lui, confessant leurs péchés
et implorant sa miséricorde.
Joseph survécut cinquante-quatre ans à son père. “Il put voir les
enfants d’Éphraïm jusqu’à la troisième génération. Les enfants de
Makir, fils de Manassé, naquirent aussi sur les genoux de Joseph.”
Il fut témoin de l’accroissement et de la prospérité de son peuple.
Jusqu’à la fin, il crut d’une foi inébranlable que Dieu établirait Israël
dans le pays de la promesse.