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Patriarches et Prophètes
ver un cinquième des récoltes du pays d’Égypte, pendant les sept an-
nées d’abondance. Qu’ils rassemblent toutes les récoltes des bonnes
années qui vont venir ; qu’ils amassent du froment pour le mettre
à la disposition du Pharaon, comme provisions dans les villes, et
qu’ils conservent tout cela. Ces provisions seront pour le pays une
réserve en vue des sept années de famine qui surviendront dans le
pays d’Égypte, en sorte que le pays ne périra point par la famine.”
L’interprétation du songe était si plausible et si raisonnable, les
mesures proposées par Joseph paraissaient si sages et si habiles
qu’on ne pouvait douter de la véracité de ses paroles. Mais à qui
confier l’exécution de ce plan ? La vie de la nation dépendait de
la sagesse de ce choix. Perplexe, le roi prit quelque temps pour
réfléchir. Le grand échanson, qui avait à racheter son ingratitude
passée, et fait connaître au roi la sagesse et la prudence déployées
par Joseph dans la direction de la prison, se répandit en louanges à
son sujet. Les renseignements pris par le roi prouvèrent l’exactitude
de ces paroles. D’ailleurs, Joseph avait non seulement signalé le
danger menaçant la nation, mais proposé les moyens d’y parer. Il
était évident que la sagesse divine le guidait et que personne dans
l’entourage du roi n’était mieux qualifié pour diriger les affaires du
royaume à travers cette crise. Le fait qu’il était hébreu et esclave
s’effaçait devant l’excellence de son jugement.
“Pourrions-nous trouver un homme pareil à celui-ci, ayant
comme lui l’esprit de Dieu ?” demanda le roi à son entourage. Le
choix fut décidé et le monarque adressa à Joseph, étonné, les paroles
suivantes : “Puisque Dieu t’a révélé tout cela, il n’y a personne qui
soit aussi intelligent et aussi sage que toi. C’est toi que j’établis
sur ma maison, et tout mon peuple obéira à ta parole. Le trône seul
m’élèvera au-dessus de toi.” Alors, présentant à Joseph les insignes
de sa charge, “le Pharaon ôta son anneau de sa main et le mit à la
main de Joseph ; il le fit revêtir d’habits de fin lin, et lui mit au cou
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un collier d’or. Il le fit monter sur le second de ses chars ; et l’on
criait devant lui : A genoux !”
Il l’établit seigneur de sa maison
Et gouverneur de tous ses biens,
Pour commander en maître à ses princes