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Patriarches et Prophètes
désintéressée qui avait poussé Abraham à les délivrer de la main des
Élamites va s’efforcer de les arracher, si c’est la volonté de Dieu,
aux coups de sa justice.
Sa plaidoirie sera tout empreinte d’humilité et de révérence.
“Voici, j’ai osé parler au Seigneur, bien que je ne sois que cendre
et poussière”, dit-il. Dans ces paroles, nulle trace de présomption
ou de propre justice. Il ne demande aucune faveur motivée par son
obéissance pour les sacrifices qu’il a consentis au service de Dieu.
Pécheur lui-même, il plaide en faveur des pécheurs. Tel est l’esprit
qui doit animer tous ceux qui s’approchent du Seigneur. Néanmoins,
la prière d’Abraham respire la confiance d’un enfant plaidant auprès
d’un père aimé. S’approchant du messager céleste, il lui présente une
pétition pressante. Bien qu’habitant Sodome, Lot n’a point participé
aux iniquités de ses habitants et Abraham se dit que dans cette ville
populeuse, il doit y avoir d’autres adorateurs du vrai Dieu. C’est dans
cette pensée qu’il ose dire au Seigneur : “Tu ne saurais agir ainsi,
et faire mourir le juste avec le méchant de telle sorte que le juste
soit traité comme le méchant. Loin de toi une telle pensée. Celui
qui juge la terre entière ne ferait-il point justice ?” Et à mesure qu’il
obtient ce qu’il demande, le patriarche devient plus hardi, jusqu’à ce
qu’il reçoive l’assurance que, s’il y a dix justes à Sodome, la ville
sera sauvée.
Ce qui inspirait la prière d’Abraham, c’était l’amour des âmes
qui périssaient. L’horreur que lui inspirent les péchés de cette ville
corrompue est surpassée par le désir de sauver les pécheurs. Cette
sollicitude est un exemple de celle que nous devons ressentir pour
les impénitents. De tous côtés, nous sommes entourés d’âmes qui
marchent vers une ruine tout aussi fatale, tout aussi effroyable que
celle qui allait frapper Sodome. Chaque jour se ferme, sur un être
humain, la porte du salut. A chaque heure, des âmes passent la limite
de la miséricorde. Où sont les voix qui avertissent, qui supplient
le pécheur d’éviter l’affreux sort qui l’attend ? Où sont les mains
tendues pour l’arracher à la mort ? Où sont ceux qui, en paroles
brûlantes d’humilité et de foi persévérante, plaident devant Dieu en
faveur de l’homme perdu ?
L’esprit manifesté par Abraham était l’esprit du Sauveur. Le Fils
de Dieu est lui-même le grand intercesseur en faveur du pécheur.
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Celui qui a payé le prix du rachat de l’âme humaine en connaît la