Qui est mon prochain ?
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dant, ces gens-là se sentent justifiés parce que, en agissant ainsi, ils
s’imaginent travailler à l’avancement de la cause du Seigneur.
Nombre de croyants laissent un frère ou un voisin se débattre
au milieu de circonstances difficiles. Puisqu’ils professent être chré-
tiens, celui-ci peut être conduit à penser que leur froideur et leur
égoïsme reflètent le caractère du Christ. Comme ces prétendus ser-
viteurs de Dieu ne collaborent pas avec lui, l’amour divin qu’ils
devraient manifester reste en grande partie caché à leurs semblables.
Ainsi se perd une abondante moisson de louanges et d’actions de
grâces qui auraient pu monter du cœur et des lèvres des hommes
jusqu’à Dieu.
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Celui-ci est privé de la gloire due à son saint nom; des âmes pour
lesquelles Jésus est mort lui sont ravies — des âmes qu’il désirait
accueillir dans son royaume pour qu’elles demeurent éternellement
en sa présence.
La vérité divine n’exerce que peu d’influence sur le monde,
alors qu’elle aurait sur lui un ascendant considérable si nous étions
des chrétiens pratiquants. Beaucoup se contentent d’une religion
superficielle ; mais la seule profession de foi n’a que peu de valeur.
Nous pouvons nous prétendre disciples du Christ et nous rallier
à toutes les vérités de la parole de Dieu : si nos actes journaliers
ne sont pas en accord avec nos croyances, quel bien en retireront
nos voisins ? Si nous ne sommes pas des chrétiens dignes de ce
nom, notre confession de foi aurait beau être aussi élevée que le
ciel, elle ne pourra nous assurer la vie éternelle, pas plus qu’à nos
semblables. Un bon exemple fera plus de bien au monde que toutes
nos affirmations.
Aucune forme d’égoïsme ne peut servir la cause du Christ, car
cette dernière se confond avec celle des pauvres et des opprimés. Le
cœur des vrais disciples doit être animé de la profonde sympathie
qui a caractérisé la vie de leur Maître, et d’un amour sans limites à
l’égard de ceux qu’il a appréciés au point de donner sa vie pour eux.
Les âmes en faveur desquelles il est mort ont du prix à ses yeux,
beaucoup plus que toutes les offrandes que nous pourrions apporter
à Dieu. Le Sauveur n’approuve pas ceux qui se consacrent à une
œuvre apparemment louable tout en négligeant les nécessiteux ou
en frustrant l’étranger de ses droits.