Page 189 - Premiers Ecrits (1970)

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La crucifixion du Christ
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Des êtres misérables et faibles crachèrent à la face du roi de
gloire tandis que la foule lançait des cris de triomphe brutal devant
ces insultes dégradantes. Ce visage qui remplissait tout le ciel d’ad-
miration, qui fut meurtri par les coups de ces méchants, ils le verront
un jour resplendir comme le soleil en plein midi. Ils chercheront
alors à s’en cacher. Au lieu de lancer leurs cris de triomphe brutal,
ils se lamenteront à son sujet.
Dans le royaume de gloire, Jésus présentera les stigmates de ses
mains qui lui furent faits à la crucifixion. Ces marques de cruauté,
il les aura toujours. Chaque trace des clous dira l’histoire de la
merveilleuse rédemption de l’homme, et du prix élevé qu’elle a
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coûté. Le soldat qui perça de sa lance le côté du Seigneur verra la
cicatrice de ce coup, et se lamentera ; l’angoisse l’étreindra pour
avoir participé à la mutilation de son corps.
Les meurtriers du Sauveur furent très contrariés par l’inscription :
“Le roi des Juifs”, placée au haut de la croix. Mais alors ils devront
le voir dans toute sa gloire et toute sa puissance royale. Ils verront
sur son vêtement et sur sa cuisse, écrites en vivants caractères, ces
paroles : “Roi des rois et Seigneur des seigneurs.” Ceux qui lui
crièrent pour se moquer, alors qu’il était sur la croix : “Que le Christ,
le roi d’Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous voyions
et que nous croyions”, ceux-là le verront dans toute sa puissance
royale et toute son autorité. Ils ne demanderont pas de preuves qu’il
est le roi d’Israël, mais accablés par sa majesté et sa gloire éclatante,
ils s’écrieront : “Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !”
Le tremblement de terre, les rochers qui se fendirent, les ténèbres
qui couvrirent la terre, et le cri du Sauveur : “
Tout est accompli !
quand il donna sa vie, tout cela fit trembler ses ennemis. Les disciples
étaient étonnés de ces manifestations singulières ; mais leurs espé-
rances étaient anéanties. Ils avaient peur que les Juifs ne cherchent
aussi à les faire mourir. Ils étaient convaincus que la haine mani-
festée contre le Fils de Dieu ne s’arrêterait pas là. Ils passèrent
des heures dans la solitude à pleurer sur leur déception. Ils avaient
espéré que Jésus régnerait comme un prince temporel, mais leurs
espérances moururent avec lui. Dans leur tristesse et leur désappoin-
tement, ils se demandaient s’il ne les avait pas trompés. Sa mère
même se demandait aussi s’il était bien le Messie.