Page 187 - Premiers Ecrits (1970)

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La crucifixion du Christ
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Jésus ne fit entendre aucun murmure, mais il gémissait. Son
visage était pâle et de grosses gouttes de sueur tombaient de son
front. Satan exultait de voir les souffrances que devait endurer le
Fils de Dieu. Il craignait pourtant que les efforts qu’il faisait pour
contrecarrer le plan du salut ne fussent vains, qu’il n’eût perdu son
royaume et que lui-même ne dût être finalement détruit.
Après que Jésus eut été cloué sur la croix, on dressa celle-ci et
on la planta violemment dans le trou préparé dans le sol, déchirant
les chairs du Sauveur, et lui occasionnant les souffrances les plus
atroces. Pour que cette mort fût aussi ignominieuse que possible,
deux brigands furent crucifiés à ses côtés. Ceux-ci furent saisis de
force ; et après qu’ils eurent opposé une grande résistance, leurs bras
furent étendus et cloués à leurs croix. Mais Jésus s’était soumis ; nul
n’avait été obligé d’user de force pour étendre ses bras. Alors que
les voleurs maudissaient leurs bourreaux, le Sauveur agonisant priait
pour ses ennemis : “Père, pardonneleur, car ils ne savent ce qu’ils
font.” Ce n’était pas simplement une agonie physique par laquelle
passait Jésus ; les péchés du monde étaient sur lui.
Pendant que Jésus était sur la croix, quelques passants se mo-
quèrent de lui. Hochant la tête comme s’ils s’inclinaient devant un
roi, ils lui disaient : “Toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en
trois jours, sauve-toi toi-même. Si tu es le Fils de Dieu, descends
de la croix.” Satan employa le même langage dans le désert : “Si tu
es le Fils de Dieu.” Les chefs des prêtres, les anciens et les scribes
dirent : “Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même ! S’il
est roi d’Israël, qu’il descende de la croix, et nous croirons en lui.”
Les anges qui survolaient la scène furent soulevés d’indignation
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lorsqu’ils entendirent les dirigeants se moquer de lui et dire : “S’il
est le Fils de Dieu, qu’il se sauve lui-même.” Ils auraient voulu venir
secourir Jésus, le délivrer ; mais il ne leur était pas permis de le faire.
Le but de sa mission n’était pas encore atteint.
Lorsque Jésus était sur la croix, ses longues heures d’agonie ne
lui firent pas oublier sa mère. Elle était revenue au lieu de cette scène
terrible, car elle ne pouvait rester longtemps loin de son Fils. La
dernière leçon de Jésus fut une leçon de compassion et d’humanité.
Il regarda le visage de sa mère, ravagé par la douleur, puis Jean, le
disciple qu’il aimait. Il dit à sa mère : “Femme, voilà ton fils.” Et à
Jean : “Voilà ta mère.” Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui.