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Premiers Ecrits
pénétrer les épines de sa couronne dans les tempes, inondant son
visage et sa barbe de sang.
Il était difficile aux anges de supporter ce spectacle. Ils auraient
voulu délivrer Jésus, mais ceux qui les commandaient les en empê-
chaient, en leur disant qu’une grande rançon devait être payée pour
l’homme, une rançon complète qui devait coûter la vie à Celui qui
avait pouvoir sur la mort. Jésus savait que les anges assistaient à la
scène d’humiliation. L’ange le plus faible aurait suffi pour anéantir
cette foule en délire et délivrer Jésus. Le Sauveur savait que s’il
le demandait à son Père, des anges viendraient immédiatement le
délivrer. Mais il fallait qu’il souffrît la violence des méchants, afin
de réaliser le plan du salut.
Doux et humble, Jésus se tenait devant la foule furieuse qui lui
faisait subir les plus viles injures. On lui crachait au visage, ce visage
dont ces hommes impies voudront un jour se cacher, qui illuminera
la cité de Dieu d’une lumière plus resplendissante que celle du soleil.
Le Christ n’avait aucune animosité contre ces malfaiteurs. Ils lui
couvrirent la tête d’un vieux vêtement, lui bandèrent les yeux et le
frappèrent au visage, en disant : “Devine qui t’a frappé !” Les anges
s’agitèrent ; ils auraient aimé le secourir instantanément ; mais ceux
qui les commandaient les retinrent.
Quelques-uns des disciples avaient gagné la confiance des prin-
cipaux Juifs et purent pénétrer au tribunal pour assister au jugement
de Jésus. Ils s’attendaient à le voir manifester sa puissance divine,
se libérer des mains de ses ennemis et les punir de leur cruauté à
son égard. Leur espoir augmentait ou diminuait à mesure que les
différentes scènes se déroulaient. Ils doutaient parfois et craignaient
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d’avoir été trompés. Mais la voix qu’ils avaient entendue sur la mon-
tagne de la transfiguration et la gloire dont ils avaient été les témoins
fortifièrent leur foi qu’il était bien le Fils de Dieu. Ils se souvinrent
des scènes auxquelles ils avaient assisté, des miracles accomplis par
Jésus lorsqu’il guérissait les malades, ouvrait les yeux des aveugles,
les oreilles des sourds, reprenait et chassait les démons, ramenait les
morts à la vie, et calmait même le vent et la mer.
Les disciples ne pouvaient se faire à l’idée qu’il mourrait. Ils
espéraient toujours le voir déployer sa puissance, et avec autorité
disperser cette foule assoiffée de sang, comme lorsqu’il entrait dans
le temple pour en chasser les vendeurs qui faisaient de la maison