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Premiers Ecrits
chacun cherche à savoir où il faute, et veille ensuite fidèlement, afin
que ses péchés ne le terrassent pas, mais qu’il en triomphe. Alors
nous pourrons nous confier en Dieu, et de grandes difficultés seront
épargnées à l’Eglise.
Lorsque les messagers de Dieu vont travailler au salut des âmes,
ils perdent beaucoup de temps à s’occuper de ceux qui connaissent
la vérité depuis des années, mais sont encore faibles parce qu’ils
ont négligé de veiller sur eux-mêmes, et parfois, me semble-t-il, ont
poussé l’ennemi à les tenter. Ils tombent dans des difficultés et des
épreuves puériles, et les serviteurs de Dieu doivent passer leur temps
à les visiter. Ils sont ainsi absorbés pendant des heures, même des
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journées entières, et leurs âmes sont blessées et affligées à écouter
ces petites difficultés et ces épreuves insignifiantes où chacun grossit
ses propres griefs pour les rendre aussi sérieux que possible, de
peur que les serviteurs de Dieu ne viennent à penser que la chose ne
méritait pas qu’on y fît attention. Au lieu de demander à ces hommes
de Dieu de les aider à sortir de ces épreuves, ils feraient mieux de
s’humilier devant le Seigneur, de prier et de jeûner, jusqu’à ce que
ces épreuves aient disparu.
Il en est qui pensent que le seul but pour lequel Dieu a appelé ses
messagers dans leur champ d’activité, c’est d’accourir à leur appel et
de les porter en quelque sorte dans leurs bras. Ils pensent que la partie
la plus importante de leur besogne consiste à régler leurs petites
misères, qu’ils se sont attirées par leur manque de jugement, en
prêtant le flanc à l’ennemi, ainsi que par leur disposition incorrigible
à faire ressortir les défauts de ceux qui les entourent. Mais pendant ce
temps, que deviennent les brebis affamées qui soupirent après le pain
de vie ? Ceux qui connaissent la vérité, mais qui ne s’y conforment
pas — s’ils le faisaient, ils s’épargneraient une grande partie de ces
épreuves — absorbent le temps de ces messagers, qui ne sauraient
ainsi s’acquitter de la tâche à laquelle le Seigneur les a appelés.
Les serviteurs de Dieu sont peinés et leur courage est abattu
lorsque de telles choses se produisent dans l’Eglise. Chacun devrait
s’évertuer à ne pas ajouter le poids d’une plume à leur fardeau, mais
au contraire à les aider, à les soutenir par des paroles d’encourage-
ment et la prière de la foi. Comme ils se sentiraient libres si tous
ceux qui professent la vérité cherchaient à encourager ceux qui les
entourent au lieu de ne penser qu’à eux-mêmes ! Il en résulte que