Chapitre 76 — Judas
            
            
              Ce chapitre est basé sur
            
            
              Jean 13 :27
            
            
              .
            
            
              Judas aurait pu être honoré de Dieu ; au lieu de cela, il finit misé-
            
            
              rablement sa vie. S’il était mort avant le dernier voyage à Jérusalem,
            
            
              il aurait laissé le souvenir d’un homme digne d’avoir sa place parmi
            
            
              les douze, et sa disparition eût fait un grand vide. L’infamie qui est
            
            
              restée attachée à son nom, à travers les siècles, est due aux vices
            
            
              qu’il a manifestés vers la fin de sa vie. Mais c’est à dessein que son
            
            
              caractère a été dévoilé. Il devait servir d’avertissement à tous ceux
            
            
              qui, comme lui, trahiraient leur mission sacrée.
            
            
              Peu de temps avant la Pâque, Judas avait renouvelé son contrat
            
            
              avec les prêtres, à l’effet de leur livrer Jésus. On décida d’arrêter
            
            
              le Sauveur dans l’un des endroits où il se retirait pour méditer et
            
            
              prier. Après le banquet célébré chez Simon, Judas avait eu l’occasion
            
            
              de réfléchir sur l’acte qu’il s’était engagé à accomplir, mais il resta
            
            
              ferme dans son dessein. Pour trente pièces d’argent, — le prix d’un
            
            
              esclave, — il livra le Seigneur de gloire à l’ignominie et à la mort.
            
            
              Par nature, Judas était fort attaché à l’argent. Il n’avait pas tou-
            
            
              jours été assez corrompu pour accomplir une action aussi noire,
            
            
              mais à force de cultiver l’esprit d’avarice, celui-ci avait fini par do-
            
            
              miner complètement sa vie. L’amour de Mammon dépassait chez lui
            
            
              l’amour du Christ. En devenant l’esclave d’un vice, il s’était livré à
            
            
              Satan, qui devait l’entraîner jusque dans les bas-fonds du péché.
            
            
              Judas s’était joint aux disciples alors que le Christ avait les foules
            
            
              pour lui. L’enseignement du Sauveur remplissait les cœurs d’émotion
            
            
              tandis qu’on l’écoutait, ravi, dans les synagogues, au bord de la mer,
            
            
              ou sur la montagne. Des villes et des villages Judas avait vu accourir
            
            
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              les malades, les infirmes, les aveugles ; il avait vu déposer aux pieds
            
            
              de Jésus des mourants ; il avait été témoin des œuvres puissantes
            
            
              du Sauveur, alors qu’il guérissait ces malades, chassait les démons
            
            
              et ressuscitait les morts. Il avait ressenti en lui-même la puissance
            
            
              du Christ. L’enseignement divin lui avait paru supérieur à tout ce
            
            
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