Luther et la grande Réforme
            
            
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              préhension de nombreux auditeurs émerveillés. Luther expliquait
            
            
              les Ecritures avec puissance et la grâce de Dieu reposait sur lui. Il
            
            
              captivait son auditoire par son éloquence ; l’autorité et la clarté avec
            
            
              lesquelles il présentait la vérité convainquaient les esprits, et son
            
            
              enthousiasme touchait les cœurs.
            
            
              Un chef de file des réformes
            
            
              Il entrait dans les plans de Dieu que le brillant professeur se
            
            
              rendît à Rome. Le pape venait d’accorder une indulgence à ceux
            
            
              qui graviraient à genoux “l’escalier de Pilate”. Or, tandis que Luther
            
            
              accomplissait — à Rome — cet acte de dévotion, il entendit en lui-
            
            
              même une voix semblable à un tonnerre qui lui disait : “Le juste vivra
            
            
              par la foi”
            
            
              Romains 1 :17
            
            
              , Segond. Alors, honteux et bouleversé,
            
            
              il se releva brusquement et s’éloigna. Cette parole fit toujours une
            
            
              profonde impression sur lui. A partir de ce jour, il comprit mieux
            
            
              que jamais combien il est vain de rechercher le salut par des œuvres
            
            
              humaines, et la nécessité de se confier sans cesse dans les mérites de
            
            
              Jésus-Christ. Désormais ses yeux étaient définitivement ouverts sur
            
            
              les erreurs sataniques de la papauté. En détournant son visage de la
            
            
              ville de Rome, il en avait aussi détourné son cœur, et, à compter de
            
            
              ce jour, l’abîme qui l’en séparait devait aller en s’élargissant jusqu’à
            
            
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              la séparation complète.
            
            
              A son retour de la ville éternelle, Luther obtint de l’université
            
            
              de Wittenberg le diplôme de docteur en théologie. Il pouvait donc
            
            
              se consacrer mieux que par le passé à l’étude des Ecritures qu’il
            
            
              aimait tant. Il avait fait le vœu solennel d’approfondir et de prêcher
            
            
              fidèlement non pas les décisions et la doctrine des papes, mais la
            
            
              Parole de Dieu. Il n’était plus simplement moine ou professeur, mais
            
            
              le porte-parole autorisé du Livre saint. Appelé à paître le troupeau
            
            
              de Dieu — un troupeau qui avait faim et soif de vérité — le nouveau
            
            
              docteur affirmait que le chrétien ne peut accepter d’autre doctrine
            
            
              que celle qui repose sur les Ecrits sacrés. Une telle affirmation sapait
            
            
              les fondements même de la suprématie papale et résumait le principe
            
            
              vital de la Réforme.
            
            
              En tant que champion de la vérité, Luther entreprit courageu-
            
            
              sement son œuvre. Depuis la chaire, il fit entendre de solennels
            
            
              avertissements. Mettant en lumière le caractère odieux du péché, il