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Conquérants Pacifiques
Après l’effusion du Saint-Esprit, lorsque les disciples allèrent
proclamer au monde un Sauveur ressuscité, leur unique préoccupa-
tion fut le salut des âmes. Ils se complaisaient dans la douceur de la
communion des saints ; ils étaient compatissants, prévenants, désin-
téressés, désireux de se sacrifier pour la vérité. Ils révélaient dans
leur vie quotidienne l’amour que le Christ leur avait recommandé de
cultiver, et par des paroles et des actes généreux, ils s’efforçaient de
le faire naître dans d’autres cœurs.
Les croyants devraient toujours pratiquer cet amour, et aller de
l’avant, en obéissant à ce commandement nouveau. En vivant en
communion étroite avec le Christ, ils seraient rendus capables de
répondre à ses exigences. Leur vie magnifierait la puissance d’un
Sauveur qui peut justifier par sa justice.
Mais bientôt un changement graduel se produisit : les chrétiens
commencèrent à rechercher les défauts du prochain. Ils s’arrêtèrent
sur leurs fautes, se livrèrent à des critiques malveillantes, et perdirent
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ainsi de vue le Sauveur et son amour. Ils devinrent plus stricts au
sujet des cérémonies extérieures, plus difficiles sur les principes de
la foi. Dans leur zèle à condamner autrui, ils ne virent pas leurs
propres erreurs. Ils oublièrent de pratiquer l’amour fraternel que le
Christ leur avait recommandé avec tant d’insistance et, ce qui était
plus triste encore, ils n’avaient pas conscience de leur égarement. Ils
ne se rendaient pas compte que le bonheur et la joie disparaissaient
de leur vie, et qu’en bannissant de leur cœur la charité, ils allaient
bientôt errer dans les ténèbres.
Jean, qui constatait ce relâchement dans l’Eglise, insistait auprès
des chrétiens pour leur montrer qu’ils avaient un besoin constant
de pratiquer l’amour fraternel. Ses épîtres sont dominées par cette
pensée. “Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, écrivait-il ; car
l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît
Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour.
L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a
envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui.
Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu,
mais en ce qu’il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime
expiatoire pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés,
nous devons aussi nous aimer les uns les autres.”