Paul prisonnier
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très excellent gouverneur Félix, salut ! Cet homme, dont les Juifs
s’étaient saisis, allait être tué par eux, lorsque je survins avec des
soldats et le leur enlevai, ayant appris qu’il était Romain. Voulant
connaître le motif pour lequel ils l’accusaient, je l’amenai devant leur
Sanhédrin. J’ai trouvé qu’il était accusé au sujet de questions rela-
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tives à leur loi, mais qu’il n’avait commis aucun crime qui méritât la
mort ou la prison. Informé que les Juifs lui dressaient des embûches,
je te l’ai aussitôt envoyé, en faisant savoir à ses accusateurs qu’ils
eussent à s’adresser eux-mêmes à toi. Adieu.”
Après avoir pris connaissance de ce rapport, Félix s’informa
du pays d’origine du prisonnier, et comme on lui dit qu’il était de
Cilicie, il ajouta : “Je t’entendrai quand tes accusateurs seront venus.
Et il ordonna qu’on le gardât dans le prétoire d’Hérode.”
Ce n’était pas la première fois qu’un serviteur de Dieu trouvait
asile chez les païens pour échapper à la malice des Juifs. Dans leur
fureur contre l’apôtre, ils ajoutaient un crime de plus à ceux qui
jalonnaient leur histoire. Ils durcissaient encore leurs cœurs contre
la vérité et fixaient leur destin.
Peu de croyants avaient compris la signification des paroles
prononcées par le Christ lorsque, dans la synagogue de Nazareth, il
s’était présenté comme l’Oint prédit par le prophète Esaïe. Il avait
déclaré qu’il était venu pour consoler, bénir et sauver les pécheurs et
les affligés. Quand il vit que l’orgueil et l’incrédulité régnaient dans
le cœur de ses auditeurs, Jésus leur rappela que Dieu s’était autrefois
détourné du peuple élu à cause de son incrédulité et de sa rébellion,
et qu’il s’était manifesté alors chez les païens n’ayant pas rejeté la
lumière du ciel. La veuve de Sarepta et Naaman, le Syrien, avaient
conformé leur vie à toute la lumière qu’ils avaient reçue. Aux yeux
de Dieu, ils étaient plus justes que le peuple élu qui s’était détourné
de lui et avait sacrifié sa foi aux convenances et aux honneurs du
monde.
Le Christ avait énoncé aux habitants de Nazareth une terrible
vérité, lorsqu’il leur avait déclaré que parmi le peuple apostat il n’y
aurait pas de sécurité pour le fidèle messager de l’Evangile. Ils n’ap-
précieraient ni son mérite, ni son œuvre. Bien que les conducteurs
juifs aient fait profession d’honorer Dieu et d’aimer leur nation, ils
étaient en réalité ennemis de l’un et de l’autre. Par leur doctrine et
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leur exemple, ils poussaient de plus en plus leurs compatriotes à