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Paul prisonnier
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son expérience personnelle fut écouté avec un tel recueillement que
les cœurs paraissaient momentanément touchés et subjugués.
L’apôtre essaya alors d’expliquer à son auditoire que son œuvre
parmi les païens n’avait pas été déterminée par son propre choix.
Il avait désiré, en effet, travailler pour ses compatriotes, mais dans
ce temple même Dieu lui avait parlé dans une vision et indiqué
le chemin qu’il devait suivre : “Va, je t’enverrai au loin vers les
nations”, lui avait-il été dit.
La foule écouta jusque-là avec une attention soutenue, mais
lorsque Paul aborda la question relative à sa mission d’ambassadeur
du Christ chez les païens, la colère se raviva. Habitués à se considérer
comme le seul peuple agréable à Dieu, les Juifs ne toléraient pas
que les païens, méprisés par tous, partagent les privilèges dont ils
pensaient être jusqu’alors les seuls bénéficiaires. Ils élevèrent la voix
pour dominer celle de l’apôtre, et s’écrièrent : “Ote de la terre un
pareil homme ! Il n’est pas digne de vivre ! Et ils poussaient des
cris, jetaient leurs vêtements, lançaient de la poussière en l’air. Le
tribun commanda de faire entrer Paul dans la forteresse, et de lui
donner la question par le fouet, afin de savoir pour quel motif ils
criaient ainsi contre lui. Lorsqu’on l’eut exposé au fouet, Paul dit au
centenier qui était présent : Vous est-il permis de battre de verges
un citoyen romain, qui n’est pas même condamné ? A ces mots, le
centenier alla vers le tribun pour l’avertir, disant : Que vas-tu faire ?
Cet homme est Romain. Et le tribun, étant venu, dit à Paul : Dis-
moi, es-tu Romain ? Oui, répondit-il. Le tribun reprit : C’est avec
beaucoup d’argent que j’ai acquis ce droit de citoyen. Et moi, dit
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Paul, je l’ai par ma naissance. Aussitôt ceux qui devaient lui donner
la question se retirèrent, et le tribun, voyant que Paul était Romain,
fut dans la crainte parce qu’il l’avait fait lier. Le lendemain, voulant
savoir avec certitude de quoi les Juifs l’accusaient, le tribun lui fit
ôter ses liens, et donna l’ordre aux principaux sacrificateurs et à tout
le sanhédrin de se réunir ; puis, faisant descendre Paul, il le plaça au
milieu d’eux.”
L’apôtre allait être jugé maintenant par le tribunal dont il était
membre avant sa conversion. Debout devant ses juges, il était parfai-
tement calme, et son visage reflétait la paix du Christ. “Les regards
fixés sur le sanhédrin, [il] dit : Hommes frères, c’est en toute bonne
conscience que je me suis conduit jusqu’à ce jour devant Dieu...” En