Délivré de prison
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Dès le matin, une grande foule se réunit pour assister à l’exécu-
tion de l’apôtre. Hérode envoya des officiers à la prison pour que
Pierre fût amené au supplice avec un grand déploiement d’armes
et de soldats, non seulement pour prévenir son évasion, mais dans
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l’intention d’impressionner tous les sympathisants.
Or, quand les soldats qui gardaient la porte de la prison décou-
vrirent que Pierre s’était échappé, ils furent saisis de frayeur ; car il
avait été formellement mentionné qu’ils étaient passibles de mort,
s’ils laissaient échapper leur prisonnier ; c’est pourquoi ils s’étaient
montrés particulièrement vigilants à son sujet. Quand les officiers ar-
rivèrent à la prison pour y chercher l’apôtre, les soldats en gardaient
encore la porte, les barres et les verrous étaient toujours assujettis, et
les chaînes demeuraient fixées aux poignets des deux soldats, mais
le prisonnier s’était enfui.
Hérode fut particulièrement irrité par le récit de cette fuite. Ac-
cusant les gardiens de négligence dans leur travail, il les fit mettre
à mort. Il savait bien qu’aucune force humaine n’était intervenue
en faveur de Pierre ; mais il ne voulait pas avouer que la puissance
divine avait frustré ses desseins, et il préféra défier Dieu.
Peu de temps après la libération de Pierre, Hérode se rendit à
Césarée. Pendant son séjour là-bas, il fit donner de grandes réjouis-
sances pour s’attirer l’admiration et la faveur du peuple. Ces fêtes
avaient rassemblé les amateurs de plaisir de tous les coins de la
ville, et l’on s’égaya et l’on but. Hérode se montra au peuple en
grande pompe et avec apparat ; il adressa à la foule un brillant dis-
cours. Revêtu de ses habits ruisselants d’or et d’argent dont les pans
éblouissaient les spectateurs, il apparut dans un faste extraordinaire.
La majesté de sa silhouette ainsi que son discours impressionnèrent
fortement le peuple. Les sens déjà altérés par les plaisirs de la fête
et par l’excès des boissons, tous étaient émerveillés par les orne-
ments royaux d’Hérode, séduits par son aspect et son éloquence.
Délirants d’enthousiasme, ils le couvrirent de paroles d’adulation et
affirmèrent qu’aucun mortel ne pouvait offrir une majesté semblable,
ni parler avec une telle éloquence. Et ils déclarèrent par la suite
que, l’ayant toujours respecté comme gouverneur, ils l’adoreraient
désormais comme un dieu.
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Quelques-unes de ces voix qu’on entendait maintenant glorifier
cet abject pécheur avaient, quelques années auparavant, poussé le